« Ce n’est pas sa situation financière qui doit déterminer si une personne reçoit ou non des soins médicaux. »
Ce 30 juin 2020, cela fait exactement 60 ans que la RD du Congo est devenue indépendante. A l’occasion de cet événement, nous avons discuté avec Coffi Alfred Koussemou, directeur des opérations de Memisa en RD du Congo. Une interview qui porte sur l’état actuel du système de santé en RD du Congo et les défis auxquels le pays est confronté.
Cette année, à cause du coronavirus, il n’y aura pas de grandes festivités ce 30 juin. Au lieu de cela, le gouvernement a décidé de consacrer une partie du budget prévu pour la célébration à la lutte contre COVID-19. Selon vous, quels sont les besoins les plus importants, à l’heure actuelle, en ce qui concerne l’endiguement de l’épidémie du coronavirus ?
« ll est essentiel que tout le monde soit bien informé. Cela peut se faire par des sessions de formation et d’information thématiques : d’une part pour la population, dans les différentes langues locales et adaptées à ce public, et d’autre part, pour les professionnels de la santé afin qu’ils puissent reconnaître la maladie et savoir comment agir correctement. En outre, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous protéger ».
La RD Congo a une histoire mouvementée qui a laissé des traces importantes dans tous les domaines de la société. Il en va de même pour les soins de santé. Quel est l’état du système de santé actuel ?
« Avec une superficie de 2.345.410 km², la RD du Congo est l’un des plus grands pays d’Afrique, les distances sont donc énormes. Sa population est estimée à 85.026.000 habitants, mais il n’y a que 250 hôpitaux généraux répartis sur 600 zones de santé. Le système de santé est extrêmement fragmenté et une grande partie de la population n’a pas accès aux services. En conséquence, la mortalité maternelle et infantile est élevée. Mais il y a aussi des points positifs et de nombreux succès ».
Pouvez-vous donner quelques exemples de ces succès ?
« Le pays ne compte plus de cas de polio depuis trois ans et le nombre de cas de VIH et de sida est en baisse. En outre, la décentralisation du système de santé garantit une clarté des responsabilités par niveau ainsi qu’une meilleure réponse aux besoins ».
Quels sont les plus grands défis ?
« La RD du Congo est confrontée à de nombreux défis, presque tous directement ou indirectement liés à la pauvreté dans laquelle vit une grande partie de la population. J’en vois cinq principaux pour le système de santé :
- Dans le cadre de la décentralisation, nous devons nous efforcer de mettre en place un système de santé de qualité, efficace et qui fonctionne bien
- Un système de financement qui rend les soins de santé accessibles à tous
- Un système de santé capable de répondre aux besoins de la population après des années de crise (conflits armés, catastrophes naturelles)
- Diminution de la morbidité (vulnérabilité aux maladies) et de la mortalité
- Une meilleure coordination de la réponse humanitaire, comme lors d’épidémies »
Que souhaitez-vous à la RD du Congo pour les années à venir ?
« J’espère vraiment que nous pourrons parvenir à un système de soins de santé accessible à tous. La situation financière d’une personne ne doit plus déterminer si elle reçoit ou non des soins médicaux. Notre principale priorité est donc la couverture sanitaire universelle. Pour l’instant, nous en sommes encore loin. La majorité de la population congolaise travaille dans le secteur informel où il n’y a pas de protection sociale. Le système de financement des soins de santé doit être revu.
Sans exagérer, on peut dire que le système de santé en RD du Congo est à bout de souffle et que des investissements importants sont nécessaires. Bien que certaines tentatives aient été faites récemment (par exemple pour prévenir les épidémies), des efforts supplémentaires sont nécessaires. Je pense, par exemple, à une augmentation du budget national consacré aux soins de santé. Pour l’instant, il s’agit de 7 %, nous devrions pouvoir nous approcher des 15 %, l’objectif fixé par les pays africains lors de la conférence d’Abuja en 2001. Le peuple congolais a droit à des soins de santé solides financés par des subventions publiques (et moins dépendants de l’aide privée ou internationale). Il est vrai que nous avons encore un long chemin à parcourir pour parvenir à des soins de santé de qualité et accessibles à tous et toutes. Néanmoins, je suis convaincu que le travail en commun est la clé du succès. Memisa s’engage fermement à y contribuer. »
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