Au Burundi, Memisa et ses partenaires Enabel, Louvain Coopération et Médecins Sans Vacances se mobilisent pour une meilleure santé
Le système de santé du Burundi a fait des progrès remarquables ces dernières années notamment en matière de vaccination, les accouchements en milieux de soins, l’accessibilité aux soins et particulièrement à travers les mécanismes de gratuité des soins aux femmes et aux enfants de moins de cinq ans. Cependant, le pays continue de faire face à des défis considérables pouvant impacter négatives l’atteinte des Objectifs de Développement Durables (ODDs) de l’Agenda 20301,, faisant de la santé une intervention prioritaire. Dernièrement, tout comme le reste du monde le Burundi n’a pas été épargné par la pandémie du Covid-19. Les patients atteints mettent à rude épreuve un système de santé déjà fragile.
Le Consortium Memisa
Grâce au soutien financier de l’Union européenne, Memisa forme un consortium avec Enabel, Louvain Coopération et Médecins Sans Vacances et met en œuvre le Programme « Twiteho Amagara » qui constitue le volet santé du Programme d’appui à la résilience des populations au Burundi financé par l’Union Européenne. En plus de rendre les soins de santé plus accessibles, particulièrement aux plus vulnérables, le Programme Twiteho Amagara le vise le renforcement des capacités du système de santé et se concentre sur la qualité des soins de santé sexuelle et reproductive, le soutien dans les situations d’urgence et humanitaires ainsi que sur l’intégration des soins de santé mentale au niveau des centres de santé et les hôpitaux de district. Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale en matière de santé.
Principales réalisations
Deux ans après le début du projet, plusieurs activités ont déjà été menées à bien en renforcement des capacités du système de santé, particulièrement la formation des prestataires de soins et l’équipement des formations sanitaires. Parmi les nombreuses réalisations, nous souhaitons mettre en exergue, dans cet article, certaines interventions en raison de leur importance ou leur originalité vu le domaine abordé.
Le projet a mené une étude sur l’état des lieux de l’accessibilité aux produits sanguins au niveau de huit provinces. Cette étude a confirmé la pénurie en produits sanguins au niveau des formations sanitaires des provinces visitées et a montré les points forts et les points faibles du système de transfusion sanguine au Burundi. Elle a particulièrement estimé les besoins dans ce domaine et fourni des recommandations et des pistes d’intervention pour résoudre les problèmes retrouvés. Le Projet a ouvert « un grand chantier » en mettant en œuvre un appui à la Chirurgie de District. Cette intervention qui associe les acteurs nationaux vise le renforcement et l’amélioration de la qualité des interventions chirurgicales dans les hôpitaux périphériques, provinciaux et de district.
Dans le domaine de la santé mentale, intervention prioritaire pour le pays, le projet a appuyé le ministère de la santé à élaborer des directives nationales pour l’intégration des soins de santé mentale dans le système de santé au Burundi. Véritable « feuille de route » pour l’intégration des soins de santé mentale dans le pays, ce document pourra être utilisé par tous les acteurs intervenant sur le terrain. Dans le cadre de ses interventions le Consortium privilégie les interventions de proximité et les approches communautaires permettant une plus grande accessibilité aux populations cibles. C’est le cas des interventions menées dans en renforcement de la santé mentale communautaire ; le renforcement des capacités des centres de santé amis des jeunes et l’appui du Programme National de Santé Sexuelle et Reproductive dans le domaine de la prise en charge des victimes de violence liée au genre, qui est une intervention relativement nouvelle au Burundi. Enfin, le Projet appui le ministère de la santé dans la gestion et de la maintenance des équipements médicaux, domaine primordial constituant un problème récurrent dans le système de santé.
Avec la survenue de la pandémie du Covid-19, Le Consortium a été partie prenante de la coordination crée par les partenaires au développement au Burundi qui développent des interventions en appui au plan national de lutte contre l’épidémie de Covid-19 dans le pays. Les organisations du Consortium ont été actives dans l’appui de la formation et la supervision des prestataires, le renforcement de la sensibilisation et un soutien en équipements.
Des épidémies multiples
Au cours de la première année, une grande partie des activités a ciblé la lutte contre les épidémies. Le choléra et la malaria sont une cause majeure de décès au Burundi (OCHA). Compte tenu de l’épidémie d’Ebola dans la République démocratique du Congo voisine, le consortium a organisé plusieurs activités de prévention entre septembre et octobre 2019 dans la province de Bubanza. Des thermomètres infrarouges et le matériel nécessaire pour l’hygiène des mains ont été achetés, des séances de sensibilisation ont également été organisées et le personnel de santé a suivi une formation sur la manière de réagir adéquatement aux épidémies. Ces expériences ont été prises en compte et prolongées lorsque le coronavirus a atteint le Burundi au printemps 2020.
Défis
Cependant, les obstacles restent importants, comme le confirment le Dr Edouard Nkurunziza (coordinateur) et le Dr Yves Sossou (assistants techniques) de Memisa au Burundi. Ils énumèrent quelques défis auxquels est confronté le système de santé au Burundi et qui sont également inclus dans le plan national de développement sanitaire 2019-2023) et la manière dont le projet commun « Twiteho Amagara » tente de les relever.
- La faible qualité des soins et des services de santé.
Les activités soutiennent et renforcent les compétences des prestataires de soins de santé par des sessions de formation et de sensibilisation. Les centres de santé sont équipés de matériel adapté et tout cela se fait dans le cadre de la politique de santé au niveau du district ou de la province.
- La faible résilience du système de santé
Soutien à la gestion des urgences et des épidémies (ebola, choléra, covid-19), mise à disposition d’ambulances, soutien au renforcement du système d’orientation vers l’hôpital le plus proche (sensibilisation de la communauté à l’importance d’une gestion commune des ambulances), renforcement de la coordination et de la synergie entre les différentes activités.
- Pénurie de ressources
Nous rénovons et équipons les centres de santé avec des équipements appropriés.
- Financement insuffisant des soins de santé
Nous plaidons à différents niveaux pour l’introduction de l’assurance maladie dans le cadre de la couverture maladie universelle. Cela permettra aux plus vulnérables d’avoir accès à des soins de santé de qualité, contribuant ainsi à leur réintégration socio-économique dans la société.
Complémentarité entre les partenaires
« Pour assurer l’efficacité et le succès de ce projet, il est clair que tous les acteurs de notre consortium, ainsi que les partenaires de santé avec lesquels nous travaillons, doivent être sur la même longueur d’onde. C’est pourquoi nous avons travaillé dès le début à harmoniser notre approche », explique Yves Nama, assistant technique médical de Médecins Sans Vacances à Bujumbura.
« Chaque acteur est actif dans un domaine différent et a sa propre spécialité, une valeur ajoutée au projet. Médecins Sans Vacances, par exemple, travaille davantage dans les hôpitaux tandis que Memisa et Louvain Coopération travaillent principalement dans les centres de santé. Mais nous veillons à ce que la méthodologie utilisée dans nos interventions soit comparable, afin que les actions soient aussi efficaces et complémentaires que possible. ». En santé mentale l’approche complémentaire donne également ses fruits : Enabel renforce le niveau stratégique et de référence, et Louvain coopération prends soin de la santé mentale au niveau communautaire.
[1] Résolution A/RES/70/1, adoptée par l’Assemblée Générale 25 septembre 2015, Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030, https://undocs.org/fr/A/RES/70/1
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